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Sous l'œil de l'expert

Quelles techniques emploie-t-on pour authentifier un timbre et comment réussit-on à déjouer les pièges tendus par les faussaires ? Cette rubrique pousse pour vous les portes de la maison Calves et lève un coin du voile sur le métier d'expert en timbres-poste de collection.

Les faux timbres avec surcharge au profit de la "Caisse d'Amortissement"

Ci-dessus : les timbres surchargés au profit de la "Caisse d'Amortissement" au complet... mais tous faux de toute pièce !

Le problème de la dette n'est pas nouveau en France. Déjà, dans les années 20, le montant de celle-ci s'avère trop élevé et l'Etat cherche les moyens de rendre son poids plus supportable. C'est ainsi qu'en 1926, Raymond Poincaré, alors ministre des Finances, crée une "Caisse d'Amortissement" destinée à mieux la réguler et imagine différents mécanismes pour alimenter ce dispositif. Parmi ceux-ci, de manière assez étonnante, figure l'émission de timbres-poste. Plus précisément, la loi de finances du 26 mars 1927 autorise la mise en circulation, chaque année, et pendant une période de cinq ans, de timbres spéciaux surtaxés, sachant que la différence entre le prix de vente et la valeur d'affranchissement doit être versée à la Caisse d'Amortissement. L'objectif assumé est de permettre aux petites bourses d'apporter leur obole au mécanisme de gestion de la dette.

De 1927 à 1931, plusieurs timbres "au profit de la Caisse d'Amortissement" voient ainsi le jour, parmi lesquels cinq séries de trois valeurs surchargées bien connues des philatélistes. Celles-ci sont au même type que les timbres d'usage courant de cette période (Semeuse et Pasteur) avec, en plus, une surcharge qui matérialise la surtaxe. Problème : le ministère des Finances n'a pas suffisamment anticipé le peu d'enthousiasme que peuvent avoir les Français à mettre la main à la poche. Disons-le sans ambages : les chiffres de vente s'avèrent catastrophiques. En ce qui concerne la 1re série, seulement 490 000, 450 000 et 370 000 exemplaires de chaque timbre sont vendus... pour respectivement 4,6 millions, 4,6 millions et 4,58 millions imprimés. Et les choses ne vont pas en s'améliorant avec les années ! Ainsi, les timbres de la 2e série ne se vendent respectivement qu'à 290 000, 260 000 et 220 000 exemplaires et les 3e, 4e et 5e séries font pire encore.

Sur le marché philatélique, la conséquence de cet échec se fait ressentir quelques années plus tard. Dès les années 30, à une époque où le nombre de collectionneurs est en pleine croissance, les stocks de timbres surchargés "Caisse d'Amortissement" s'avèrent insuffisants pour satisfaire la demande et les prix grimpent. Conséquence immédiate : des faux apparaissent sur le marché, très dangereux, car très bien imités. Ce sont ces faux d'époque que nous vous présentons aujourd'hui dans cet article. Il faut savoir qu'il est rare de les voir comme ici réunis en cinq séries complètes dans un seul et même ensemble. En revanche, les timbres dépareillés sont nombreux : on les trouve vendus à la pièce ou, beaucoup plus subtilement, au milieu d'une série comprenant par ailleurs un ou deux timbres parfaitement authentiques.

Venons-en maintenant aux repères permettant de détecter ces contrefaçons. Au-delà de différences assez nettes de couleur, ce à quoi vous devez porter attention, c'est avant tout à la qualité du dessin. Autant celui des timbres authentiques est délicat, autant celui des faux est grossier. Plus précisément, concernant les timbres au type Pasteur, examinez le front et la joue du portrait : sur les faux, l'épaisseur et la trop grande régularité des traits doit vous interpeler. Pour ce qui est des timbres au type Semeuse, regardez le visage de l'effigie : sur les contrefaçons, il a un aspect rudimentaire, quasiment enfantin. Enfin, petit "truc" supplémentaire, scrutez le chiffre "2", lorsque vous êtes face à un timbre surchargé "+25 c." : sur les faux, il particulièrement mal imité, trop large, et même presque difforme... A vos loupes !

Christian Calves, Alain Jacquart et Vincent Beghin (www.timbres-experts.com)